12h30-13h30
Une heure, une œuvre
Les médiatrices vous proposent d’explorer le travail d’un·e artiste de l’exposition, lors d’une conférence d’une demi-heure.
L’échange se poursuit autour d’un déjeuner fourni par la Fondation.
Pour cette séance, notre équipe de médiatrices vous propose un focus sur une œuvre majeure que Sigmar Polke met prêt de 3 ans à réaliser : Paganini.
Sigmar Polke
Paganini, 1981-1983
Dispersion, peinture à l’aluminium et crayon sur tissu imprimé, 223 × 504 cm
Collection Daros AG
Pour cette immense toile aux airs d’opéra, Polke s’inspire de la vie du génial violoniste Niccolò Paganini – qui, jusque sur son lit de mort en 1840, fut soupçonné de devoir son talent à un pacte faustien avec le diable – afin de livrer une composition qui interroge frontalement les stigmates et cicatrices laissés par le régime nazi. Dans ce tableau qu’il met trois ans à réaliser, il réunit de multiples techniques ; en guise de toile, il utilise un tissu provenant de la grande consommation sur lequel il reproduit notamment une gravure ancienne : Le Songe de Tartini (1824) de Louis-Léopold Boilly.
Pour interroger l’horreur et le poids du nazisme, Polke (né sous le IIIe Reich) fait le choix d’une image aux faux airs de conte, envahie par des symboles fascistes (svastikas) et d’autres liés aux menaces contemporaines telles que le nucléaire. Dans cette œuvre magistrale, des vies humaines sont hantées par leurs propres crimes que même l’art ne saurait expier. À l’impossibilité de la représentation, le peintre oppose ainsi la présence indigeste des images et des symboles – dont l’accumulation et la confrontation peuvent toutefois mener à la transformation des êtres car, comme il le disait lui-même, « un tableau arrive toujours à ses fins. Le tableau va chercher sa victime ».