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Évènement | Conférence

Il n’y a pas d'images solitaires

Camille Richert

mer. 5 févr. 2020
19 h – 20 h 15

Des œuvres d’art, l’historien d’art Hans Belting disait qu’elles produisent en nous des effets de rémanence. À toute image mentale qui nous obsède et nous revient correspondrait une image-objet, issue d’une « réserve iconique commune aux spectateurs d’une époque1 ». Cette rémanence semble exister jusque dans les œuvres d’art contemporain traitant du travail et de ses gestes. À écrire l’histoire de leurs déclinaisons en motifs, on aperçoit la présence d’images plus anciennes qui mâtinent l’inconscient collectif de l’art. À ce titre, la Sortie d’usine filmée par les frères Lumière en 1895 fait partie de ces images rémanentes qui innervent l’art contemporain. Il n’y aurait donc pas d’images solitaires, à en croire Belting.
À travers plusieurs œuvres traitant de la sortie d’usine – quand elles ne la rejouent pas – réalisées entre les années 1960 et 2000, il s’agira de réfléchir aux raisons qui président au recyclage de ce motif liminaire de l’histoire de l’image en mouvement. Quelle utilité ce motif de la fin du XIXe siècle et de la deuxième industrialisation a-t-il dans l’économie visuelle de l’art contemporain et l’économie productive depuis la fin des Trente Glorieuses ? 

1. Hans Belting, Pour une anthropologie des images, Paris, Gallimard, 2004, trad. Jean-Bernard Torrent, p. 31

 

Diplômée de l’École normale supérieure de Lyon en histoire contemporaine (2013), Camille Richert a mené ses premiers travaux de recherche en histoire sociale sur les femmes ouvrières dans l’entre-deux-guerres. Après un passage par l’École du Louvre, elle a commencé en 2016 une thèse de doctorat sous la direction de Laurence Bertrand-Dorléac à Sciences Po, où elle est chargée d’enseignement en histoire au Collège universitaire.
Ses recherches portent sur les représentations du travail dans l’art depuis 1968. Dans la veine de l’histoire sociale de l’art, son travail articule l’histoire de l’art à l’histoire, l’anthropologie et la sociologie pour tisser une histoire visuelle des gestes et des émotions laborieuses depuis le déclin des idéologies politiques occidentales jusqu’à nos jours.